Si vous pouviez écouter Fuga y Persecucion, vous comprendriez pourquoi les mots me manquent. Voilà le drame. J’ai le son et l’image, vous êtes condamnés au muet. C’est dommage.

[ Changement de programme : avec l’accord spécial de l’auteur, j’ai l’immense plaisir de pouvoir inclure dans ce billet le morceau dont je parle, voir un peu plus loin]

Ce sont 10’37 » qui m’emportent à chaque fois. Par paliers successifs on sent monter quelque chose. Minute après minute. Ca n’est pas frontal mais chaque étape ancre sa force, un peu de tension. Un soupçon de détente. En moins de quatre minutes on est pris.

Pour tout dire, à chaque fois que je l’écoute je voudrais écrire un film, là, tout de suite, juste pour pouvoir filmer les 10’37 » entêtantes qui seraient habitées par cette musique. Quelque chose de fort, forcément. Un course, pas une fuite, mais une course en avant. Un homme qui va affronter la peur au ventre un destin qu’il n’a pas choisi. Un drame. Les forces qui le broient et le vont vivre en même temps.

Ces 10’37 » et moi nous fréquentons depuis 1980. On se connait un peu, j’ai glissé, au fil du temps, des souvenirs et des émotions entre deux croches, derrière un accord ou au détour d’un silence. Comme dans les vieux couples on n’a plus besoin de tout dire pour comprendre. J’écoute et je ressens.

Dans le sport ou le travail il en est qui prennent telle ou telle substance dopante pour tenir ou être meilleurs. Moi, j’ai mon genre de dope : un catalyseur d’émotions. Un truc qui les mets en alerte. Car rappelez vous, les photos sans émotions ne sont que des images.

Avec ce genre de bombe entre les oreilles les émotions sont au taquet, les yeux en mode affût et le bonhomme en mode furtif.

Et maintenant que j’ai écrit tout ça je n’ai plus qu’à me trouver un moment pour aller à la pêche, une pêche de vraies photos, maintenant que j’ai la bande son, maintenant que j’ai identifié ma dope.

Marc.

PS : à quand le contrôle anti-dopage en photo ?